Mula : « Nekpa Ni Nene », une sérieuse réflexion sur la nature humaine
Mula : « Nekpa Ni Nene », une sérieuse réflexion sur la nature humaine
La nouvelle chanson de Gohourou Lauraine, dit Mula, intitulée « Nekpa Ni Nene », avec son mélange de langues bété et français, est un véritable bijou tradi-moderne qui explore des thèmes universels : la déception, la trahison et la résilience. À travers des paroles répétitives et des rythmes entraînants, l’artiste ivoirienne propulse des réflexions profondes sur les relations humaines, les valeurs et les épreuves que la vie nous impose très souvent.
Mula, son art de l’humilité face à la trahison
L’une des thématiques centrales de la chanson est l’idée de l’ingratitude. Dans la partie en français, Mula chante : « Si tu les as aidés, qu’ils n’ont pas reconnu, ce n’est pas grave », un passage qui exprime la résignation face à l’ingratitude des autres. L’artiste semble accepter le fait que, malgré les efforts, les bonnes actions peuvent souvent passer inaperçues, et que l’on doit faire face à cela avec dignité et humilité. Le refrain martèle l’idée que, face à ces injustices et aux humiliations (« C’est moi que tu humilies ! »), il faut savoir se tourner vers Dieu (« J’ai laissé pour moi à Dieu »). Cette phrase traduit une sorte de libération spirituelle, où Mula décide de s’en remettre à une force supérieure pour trouver la paix intérieure.
« Nekpa Ni Nene » : Les visages changeants des relations humaines
Mula nous rappelle également que les relations humaines sont souvent teintées d’opportunisme. Dans une autre partie du refrain, elle exprime la dualité de la nature humaine : « Quand l’homme a problème, il te montre un autre visage, quand problème fini, tu vas voir un autre visage ». Cette observation expose le fait que beaucoup de personnes révèlent leur véritable personnalité selon les circonstances. Quand ils sont dans le besoin, ils se montrent humbles et reconnaissants, mais une fois leurs problèmes résolus, ils peuvent se détourner de ceux qui les ont aidés. Ce double jeu est ici dénoncé, mais encore une fois, Mula adopte une attitude de recul et d’acceptation,. Elle montre que ces comportements ne devraient pas affecter notre propre bien-être.
L’argent, facteur de divisions
Un autre thème abordé par Mula est l’importance excessive accordée à l’argent dans les relations. Elle critique ceux qui, « à cause de l’argent des blancs », finissent par humilier ou trahir ceux qui leur sont proches. Cette critique de l’influence corruptrice de l’argent sur les amitiés et les relations sociales est un message fort, particulièrement en Afrique, où l’argent et le pouvoir peuvent profondément transformer les dynamiques sociales et familiales.
« Nekpa Ni Nene » Une musique porteuse de messages
Derrière la mélodie de cette chanson « Nekpa Ni Nene », Gohourou Lauraine, 22e enfant de son père, délivre un message qui pousse à la réflexion. La structure des paroles et la combinaison de langues traditionnelles bété avec le français confèrent à cette œuvre une dimension culturelle unique. C’est à la fois un hommage aux racines africaines, ivoirienne et une ouverture vers des problématiques plus globales. Le bété, langue du terroir de l’ouest de la Côte d’Ivoire, apporte une couleur locale à cette chanson, tandis que les paroles en français lui permettent de toucher un public plus large pour mieux passer son message.
En Afrique, où l’entraide communautaire et la solidarité sont souvent valorisées, mais où la modernisation et l’influence extérieure à travers des concepts immoraux ou des croyances qui vont à l’encontre des normes éthiques, sociales ou morales de notre société africaine du type « C’est l’homme qui fait l’homme », modifient ces rapports. La chanson de Mula vient remettre les choses dans le bon ordre. Négliger les bienfaits ne sera jamais la bonne voie, d’autant plus que la société africaine n’est pas aussi individualiste pour permettre à chacun d’y vivre à la manière occidentale. Chaque peuple a son histoire, son caractère et sa vision du monde, de la vie. La reconnaissance est, plus que jamais, le pont qui maintient le lien entre les personnes, les communautés et les peuples.
Se remettre à Dieu n’est pas seulement une façon pour l’artiste habituellement très World music – Rap / Hip Hop – RnB de dire qu’il faut tourner la page. C’est surtout un moyen de puiser au plus profond de soi la force nécessaire pour minimiser la trahison afin de pardonner plus facilement. C’est également une manière de faire preuve de résilience face à l’ingratitude des autres, qui peut parfois vous pousser vers l’autodestruction, une sorte de double peine.
Mula insiste sur le fait qu’il faut confier ses problèmes à Dieu, ce qui demeure la meilleure façon d’éviter de porter le fardeau d’une rancune qui pourrait nourrir une colère, risquer de vous obnubiler et potentiellement de vous égarer dans une recherche de vengeance. Voyager léger est toujours préférable, car le chemin de la vie est long, bien que la vie elle-même soit courte.
À noter que cette chanson est une reprise de celle de Gogoua Béatrice, une chanteuse bété bien connue dans le milieu de la musique tradi-moderne, mais peu reconnue à l’échelle nationale.
Voir la suite sur afrique-sur7